Pratique de plus en plus répandue, la post-édition - ou post-editing - consiste à faire corriger par un traducteur humain un texte qui a été, au préalable, traduit automatiquement.
Cette approche peut faire gagner du temps et de l’argent aux entreprises qui ont de gros volumes de contenus à traduire : les textes sont traités automatiquement par un logiciel ou par un service en ligne de traduction automatique, et ensuite le traducteur relit et corrige. Avec un tarif au mot bien plus bas que celui appliqué à une traduction entièrement humaine.
Ça paraît très simple vu comme ça.
On sait pourtant que la traduction automatique n’est pas parfaite et que, bien sûr, sa performance dépend de la nature du texte : elle marche plutôt bien sur un article scientifique ou sur la description d’un produit (même s’il suffit de faire un tour sur Amazon pour voir que c’est loin d’être parfait…), mais dès qu’on tombe sur une expression ou sur un style un peu imagé, c’est la cata. Si dans le premier cas le post-éditeur interviendra principalement pour corriger les problèmes de syntaxe et de terminologie, pour le deuxième, il faudra souvent réécrire des phrases entières.
Autre différence notable sur le rendu : la traduction automatique fonctionne mieux pour certaines combinaisons de langues, à savoir les langues proches (ex. FR-IT) ou les langues majeures (ex. EN-FR) pour lesquelles le net dispose d’un grand nombre de données, les systèmes de traduction automatique se basant entre autres sur les occurrences statistiques.
Tout traducteur qui s’est essayé à la post-édition a donc pu mesurer les grands écarts de cette pratique.
Et même s’il existait des textes sans embûches, qu’on se retrouvait à post-éditer de véritables utopies textuelles épurées, sans figures de style, sans mots polysémiques, sans constructions syntaxiques complexes… Eh bien, on ne serait pas sorti de l’auberge.
Car les systèmes de traduction automatique partagent avec l’humain un défaut pénible : ils sont incohérents. Ils traduisent le même mot ou la même suite de mots de deux ou trois façons différentes, comme ça leur chante, d’une milliseconde à l’autre. Essayez pour voir.
Moi, je me suis amusée avec « syndic » en créant un texte où le mot est répété plusieurs fois. Un célèbre site de TA m’a traduit : sindaco, puis sindacato, puis fiduciario… (Et en plus aucun n’est correct ! Et pourtant la traduction automatique est de plus en plus performante, elle va bientôt remplacer l’humain, non?)
Et comment gérer le style, quand on post-édite ? Qu’est-ce qu’on fait, on le retravaille ? A-t-on vraiment le temps avec ce qu’on nous
paie ? Question rhétorique. Et la ponctuation ? Je les efface toutes ces virgules françaises que l’italien n’aime point ?
Je dirais qu’il y a des degrés, dans la post-édition : d’une relecture superficielle (lexique, grammaire) à une correction bien plus approfondie qui vise à obtenir un texte vraiment naturel dans la langue d’arrivée. Le public visé est donc à prendre en compte. Et le tarif au mot doit suivre.
Écrire commentaire
Silvia M. (mercredi, 16 novembre 2022 01:15)
Sempre un piacere leggerti. Brava!
Luca Giannone (mercredi, 16 novembre 2022 08:23)
Pienamente d'accordo con te